« Cette place appartient au peuple, pas aux régimes successifs », souligne Toavina Ralambomahay. Sans être des opposants à l’actuel régime, ces élus prônent le changement et la liberté d’expression pour tous et sans crainte. D’ailleurs plusieurs mouvements citoyens et représentants de la Gen Z, y prévoient un rassemblement ce 22 octobre 2025, probablement pour réagir à la nomination du nouveau Premier ministre, Herintsalama Rajaonarivelo.
Face à eux, un autre groupe d’élus — Clémence Raharinirina, Alban Rakotoarisoa et Lily Rafaralahy — plaide désormais pour la prudence. Ils ont retiré leur demande d’autorisation d’occuper la Place du 13 Mai et le jardin d’Ambohijatovo, invoquant le risque d’une récupération politique par certains partisans de l’ancien régime, désormais passés dans l’Opposition.
Pour Clémence Raharinirina, cette décision vise à préserver la stabilité du pays après l’investiture du Président de la refondation, le colonel Michaël Randrianirina. « Nous devons éviter que ces lieux symboliques deviennent à nouveau des foyers de tension », explique-t-elle.
Une position qui en surprend plus d’un : fervente défenseure de la liberté d’expression lorsqu’elle-même se trouvait dans l’Opposition, Clémence Raharinirina prône désormais la retenue au nom de la stabilité. Un revirement que certains interprètent comme un réalisme politique, d’autres comme une forme d’amnésie démocratique.
Entre mémoire et vigilance
Au-delà de la querelle municipale, la question renvoie à une problématique plus profonde : comment gérer un espace à la fois hautement symbolique et potentiellement explosif ?
La Place du 13 Mai, théâtre des grandes mobilisations de 1972, 1991, 2002 ou 2009, incarne autant la liberté d’expression que les fractures du pays. Les partisans de son ouverture y voient une étape vers une démocratie plus participative, tandis que les autres redoutent le retour des manifestations incontrôlées.
Un symbole toujours sous tension
Cette controverse révèle les équilibres fragiles d’une Capitale encore marquée par les crises politiques successives. Entre l’appel à la liberté et la peur du désordre, la Place du 13 Mai reste, plus de cinquante ans après les premières mobilisations, un miroir fidèle de la démocratie malgache : vibrante, exigeante, mais fragile.
La Rédaction